1.6 - La présence physique de l'animateur terrain
Et Nadine de reprendre :
- Nous voilà donc sur place. Les gens sont en face de moi. Avant de les rejoindre, j'ai fait des mouvements pour me décontracter. Je fais des respirations abdominales. Je souris. Je suis en contact visuel avec les visiteurs. Que dis-je ! je les interroge du regard pour savoir ce qu'ils ressentent actuellement. Et je vais parler. Tu nous a dit que tu nous apprendrais à placer notre corps.
- Comment se comportent la plupart des gens quand ils commencent à parler en public ?
- Souvent, répond Pierre, ils cherchent un point d'appui, une table, un dossier ou ce qu'ils ont sous la main.
- Ou alors, continue Nadine, ils mettent les mains dans leurs poches ou manipulent quelque chose.
- Comme l'a dit Pierre, nous avons besoin d'un point d'appui. Mais ceux que vous avez décrits sont des points d'appui extérieurs. Ce qui se passe, c'est que cette manière de faire augmente les contractions. Or, nous avons un point d'appui intérieur.
- Lequel ? demande Nadine.
Jules s'approche d'elle et désigne les hanches de la Jeune femme.
- C'est ici, c'est ce qu'on appelle la ceinture musculaire pelvienne. C'est en quelque sorte notre centre de gravité. Essaye de te concentrer sur cet espace de ton corps. Voilà, c'est comme cela que notre corps prend du poids. Maintenant, respire profondément pour assurer encore mieux cette position. Comment te sens tu ?
- Je me sens très équilibrée. Et mes bras me paraissent très libres.
Pierre qui a fait de même :
- C'est vrai, je me sens très solide. Et j'ai l'impression que mon esprit est plus libre. Mais je crains que, sur le terrain. j'oublie vite cette position.
- C'est une question d'entraînement. C'est plus facile pour des sportifs car leurs muscles abdominaux travaillent régulièrement. Mais c'est aussi une activité mentale que l'on peut exercer dans un moment calme de la journée. Je vous la recommande avec l'exercice de respiration. Comme vous l'avez senti, lorsqu'on est ainsi ancré dans le sol, nous n'avons pas de mouvements parasites.
- Il nous faut pourtant bouger.
- Oui, mais évitons les mouvements au départ. Ensuite, une fois en action, nous accompagnerons nos paroles de gestes.
- Il y a des gens qui ont des gestes agaçants, dit Nadine.
- Ce qui agace, c'est la répétition du même geste, un tic. Un mouvement, même extravagant, passe inaperçu s'il est en phase avec ce qu'on dit et s'il n'est pas répété.
- Ce que je supporte mal, dit à son tour Pierre, ce sont ceux qui ne regardent pas leur auditoire.
- Parce que nous avons besoin de communiquer avec les yeux, lui répond Nadine.
- On peut même dire, ajoute Jules, que celui qui est à l'aise avec son public, se fortifie du regard des autres.
- Comme on est encouragé à parler quand on est lancé dans une conversation avec un vis-à-vis. A ce propos, et la voix ?
- Pour simplifier, et comme nous ne sommes pas des acteurs, je vous donnerai une image et un conseil, répond Jules. Une image : "projetez" votre voix vers l'obstacle qui se trouve derrière votre auditeur le plus lointain. Un conseil : en fait, je vous l'ai déjà donné. Respirez. Faites de grandes respirations. C'est ainsi que l'on évite de s'enrouer et que l'on a une voix qui porte.