1.4 - La construction du discours

"Ressentir avant de chercher à exprimer,
Regarder et voir avant de décrire ce qu' on a vu,
Ecouter et Entendre avant de répondre à un interlocuteur ".
Charles DULLIN
(Souvenirs et notes de travail d'un acteur).


































 

  • Donc, selon toi, réplique Pierre, il faut changer son discours selon le type d'interlocuteurs.
  • Plus exactement, répond Jules, il s'agit de concevoir les visites et les animations fixes en fonction du type de visiteurs. Et donc d'imaginer un discours adapté. Tout simplement se dire : qu'est-ce qui les intéresse ? qu'attendent-ils de moi ? et quel message je veux leur faire passer ?
  • Pourtant, dit à son tour Nadine, pour reprendre l'exemple de Pierre tout à l'heure, les enfants et les vieilles dames naturalistes suivent le même type de visite.
  • Est-ce bien justifié ? Nous sommes-nous bien adaptés ? C'est pourquoi je dis qu'il faut concevoir ensemble visite ou animation fixe et discours.
  • Dans le cas d'une animation fixe, il nous faut préparer plusieurs textes !
  • Il nous faut plutôt trouver le dénominateur commun à tous ceux qui sont là. Celà n'empêche pas des touches personnalisées. Nous sommes là aussi pour orienter, pour dire aux uns et aux autres ce qu'ils peuvent découvrir par ailleurs.
  • Alors, quand nous avons répondu aux questions de base concernant les motivations des visiteurs et nos objectifs, comment construire la visite ou l'animation fixe et le discours qui va avec ?
  • Allons donc alors sur le terrain pour ressentir, pour regarder et voir, pour écouter et entendre. C'est quand nous aurons reçu toute une série de sensations que nous pourrons les faire partager aux autres.
  • Par les sens ? demande Nadine.
  • Par le recours à l'imaginaire aussi. Et c'est en faisant éprouver des sensations aux visiteurs que nous provoquons chez eux l'émotion.
  • Voilà. Il nous reste ensuite, pour que nous ne présentions pas des fragments éparpillés, à trouver un fil conducteur et donc la trame de notre récit. Très classiquement, il doit y avoir un début, un sommet et une fin. Si je suis participant, je dois être tenu en haleine de bout en bout.
  • Je vois. Ensuite, il ne reste plus qu'à détailler le récit.
  • Eh bien, ça a l'air de te paraître très simple. Nadine. Mais, Jules, tu remets en question ce que je fais depuis des années ! Et cela me paraît un sacré boulot.
  • C'est un boulot payant. Et qui me semble un passage obligé si on veut vraiment rentrer en empathie avec les visiteurs.
  • Cela me paraît difficile pour ceux qui comme moi ont peu l'expérience terrain. dit Nadine.
  • C'est vrai. Les gens du métier sont mieux placés. Encore que chacun peut apporter à sa manière. Dites-vous bien cependant qu'il est illusoire de faire quelque chose de totalement satisfaisant dès le départ. Les visiteurs vous aideront, par leurs réactions, à construire ce récit. Quand je faisais de l'accompagnement terrain, j'avais toujours un mémo-idées et, à chaque fois, je revenais avec deux ou trois idées nouvelles que j'exploitais la fois suivante.
  • Je crois, dit Nadine, que nous avons chacun un style et que nous devons trouver ce qui nous convient, et même improviser selon les circonstances.
  • Improviser mais dans un cadre très préparé, répond Jules.
  • Je me méfie de l'improvisation répond Pierre. Si je n'ai pas les grandes lignes de ce que je veux dire dans ma tête, Je m'embrouille et je deviens incompréhensible.
  • Alors que nous devons être simple. concret et imagé. Pour cela d'ailleurs, employons des phrases courtes et précises. A chacun de voir, s'il a naturellement ces qualités ou s'il a besoin de travailler là-dessus.
    Pour vous résumer, voici un tableau qui reprend ce que nous avons dit sur la construction du discours.